Du miel en abondance C.ARNOULD ET FILS – 1945

réf. coop AP143 - 1945

PRÉFACE

LES BIENFAITS DE L'APICULTURE

L'apiculture ou culture des abeilles, ost à la fois une science et un métier. Elle exige de la part de celui qui s'y adonne quelques études préalables, un doigté et une pratique des manipulations que l'on acquiert assez vile, si l'on est doué d'un esprit observateur et si l'on suit des directives débarrassées des vieux préjugés de la routine

L'exploitation raisonnés et méthodique d'un rucher, st petit soit-il, procure de saines distractions à celui qui L'entreprend elle l'initie aux sciences naturelles: plantes, insectes, chimie organique, etc., elle lui révèle les mystères de la physiologie animale et végétale; elle lui fait aimer la nature.

Mieux encore, elle intéressera l'amateur par les nombreux profits qu'il en retirera le miel, la cire, les produits dérivés, el, s'il veut produire pour la vente, elle améliorera d'une façon appréciable sa situation budgétaire Quant au professionnel, il peut se créer une source importante de revenus el faire son gagne-pain de l'apiculture

DU MIEL EN ABONDANCE

Mais si on ne veut pas d'un métier exclusif, comme celui de producteur de miel, lequel est d'ailleurs assez aléatoire certaines années, on pourra y adjoindre quelques petites industries connexes, telles que la fabrication du pain d'épice, de l'hydromel, des bonbons au miel ou, encore, s'adonner au travail de In cire, à in construction des ruches, du matériel, etc., lesquels viendront augmenter le chiffre des affaires et grossir les bénéfices.

On peut encore conserver ses occupations ordinaires, car l'apiculture s'accorde avec toutes les situations et toutes les professions; châtelain, rentier, fonctionnaire, cultivateur, artisan, ouvrier. Il suffit de limiter l'effectif de l'apier à un nombre de ruches déterminé, juste ce qu'il faut pour absorber les disponibilités de temps et de moyens dont on dispose.

INITIATION A L'APICULTURE

Tout en faisant la part du côté pittoresque et récréatif de l'apiculture, on doit considérer cet élevage comme une source appréciable de profits. Mais, pour faire produire à une colonie d'abeilles son maximum de rendement, il faut des données certaines et éprouvées, que l'on ne trouve pas toujours dans les traités d'apiculture, parce que la plupart de ces ouvrages ont été écrits par des doctrinaires, partisans irréductibles d'un système unique, celui qu'ils emploient, et qui dénigrent systématiquement ce que font les autres, sans vouloir se donner la peine de vérifier s'ils ont raison ou non, en comparant les diverses méthodes. Donc, pour rendre de réels services, et ne pas induire les novices en erreur, le livre des abeilles doit être exempt de parti pris. Il décrira les types de ruches les plus courants, sans acrimonie et sans arrière-pensée; il parlera du fixisme et du mobilisme, car il est égale- ment possible d'obtenir d'excellents résultats, aussi bien avec les paniers qu'avec les ruches à cadres, verticales ou horizontales, à condition de les choisir bien adaptées à la région que l'on habite, à la flore dont on dispose, et au but que l'on poursuit.

De toute évidence, si on vise surtout à la production du beau miel de table, on donnera plutôt la préférence à la ruche à cadres, mieux adaptée à cette spécialité que la ruche vulgaire; mais, si on habite une région boisée, à flore tardive, comprenant surtout le sarrasin et la bruyère, qui fournissent un miel épais, brun, d'extraction difficile, on peut avoir intérêt à exploiter l'ancien panier, donnant à la fois du miel et de la cire. Il en est de même si on a en vue la production des essaims pour la vente. Le plus souvent, il est utile d'entretenir les ruches des deux systèmes.

C'est pourquoi, dans le cours du présent ouvrage, fruit de 43 années de pratique apicole, nous traitons intentionnellement de toutes les méthodes, et passons en revue les principes directeurs, ainsi que les applications, dans l'ordre saisonnier des travaux, le plus logique et le plus commode à consulter.

PAS DE POLÉMIQUE

Dans le monde bourdonnant des apiculteurs, on est rarement d'accord. Il suffit d'ouvrir une revue quelconque d'apiculture pour constater que l'on perd un temps DE MIEL EN ABONDANCE

infini en des discussions oiseuses et hypothétiques, telles que la forme et les dimensions de la ruche, la capacité à donner au nid à couvain, la théorie de ta parthénogenèse, celle de l'extraction centrifuge et centripète, la claustration des abeilles, l'influence des faux-bourdons, etc., etc... Toutes ces questions controversées tendent à compliquer le technique apicole et A l'embrouiller, an détriment de l'intérêt des apiculteurs véritables, qui négligent alors les choses essentielles

Un guide pratique, clair et succinct, dépourvu des superfluítés littéraires, est le seul qui rendra de réels services. A quoi bon passer un examen rétrospectif des méthodes, ou de reprendre les tâtonnements et les recherches stériles des novateurs de tous les pays Si les inventions n'ont pas été adoptées, c'est qu'elles n'en valaient pas la peine et, en l'occurrence, le mieux est de n'en point parler.

Dire ce qu'il faut savoir et rien de plus, telle est la limite de notre ambition: rendre service, guider les débutants, fournir un mémento aux praticiens, des points de repère aux hésitants, tel est le but que nous nous sommes efforcé d'atteindre en écrivant ce livre d'apiculture.

On dit que les abeilles sont rébarbatives, cruelles et vindicatives. C'est une grave erreur. Sans doute, elles ont un aiguillon acéré et cuisant; mais c'est très heureux, car, sans cela, il y aurait longtemps que les mouches à miel seraient disparues de notre planète.

En réalité, l'abeille, qui personnifie le travail, l'assiduité, le courage, l'abnégation et le sacrifice, n'attaque jamais personne tant qu'elle ne se croit pas menacée, et seulement dans un rayon peu éloigné de son domicile. Elle sait fort bien que, si elle tire le glaive, c'est pour mourir, puisque son aiguillon barbelé. violemment arraché, laissera une plaie inguérissable.

Quoi qu'il en soit, notre butineuse domestique, qui nous dispense du si bon miel, au parfum si doux, la quintessence des fleurs, est l'insecte le plus utile. Il procure à l'homme agrément et profit il favorise la fécondation des plantes, et c'est faire un placement de père de famille que de créer un petit rucher dans un coin du verger ou du potager.