Encyclopédie apicole EDMOND ALPHANDERY -1946

réf. coop AP027 (1946)

INTRODUCTION

L'apiculture pratiquée sous sa forme la plus simple par les hommes de la préhistoire a mis des millénaires pour passer, avec l'invention de la ruche à cadres mobiles, d'une activité de cueillette à une forme élémentaire d'élevage. On aurait du mal à trouver une différence notable entre l'api culture du temps des Pharaons et celle que l'on pratique aujourd'hui encore dans des pays plus ou moins développés.

Dans tous nos pays il y a l'une à côté de l'autre plusieurs sortes d'apicultures. La plus moderne l'emporte chaque jour sur la traditionnelle en utilisant les connaissances scientifiques. Elle ne fait pas disparaître l'ancienne qui est si bien adaptée aux besoins de l'abeille que celle-ci se maintient d'elle-même là où la nature peut maintenir un bon équilibre entre la flore et la faune.

Notre apiculture, qui emploie le cadre mobile, la cire gaufrée et l'extracteur, date d'environ cent ans L'abeille s'accommode tant bien que mal de son nouvel habitat. Mais l'apiculteur est parfois propriétaire d'outils qu'il utilise mal. Il lui arrive de traiter la ruche la plus moderne comme une ruche fixe à peine améliorée. Si le panier et le tronc d'arbre sont de plus en plus des pièces de musée, ils restent encore sous forme de ruches à cadres mobiles au fond d'un verger. Ici l'apiculture éternelle continue son train de vie et ne débouche que sur des satisfactions affectives pour celui qui aime à regarder vivre ses abeilles L'apiculture à la page se place au niveau des grandes activités agricoles par la technicité de ses moyens. Elle n'est pas forcément une apiculture de professionnels, il y a des exploitations apicoles très rentables qui sont au stade d'une entreprise familiale

L'apiculture de demain est liée à la notion de gain et ses produits doivent avoir une valeur marchande, ils subissent le sort des produits agricoles et intéressent l'économiste de l'agriculture. Chiffres en main, la vente du miel ne laisse pas de bénéfice. Est-ce une raison de désespérer de l'api culture? Certes non. Il existe des exploitations apicoles qui sont rentables Les produits de la ruche ne se limitent pas au miel; il y a la gelée royale, le pollen, l'hydromel, la cire. la propolis, le venin d'abeille, l'élevage des reines et la vente d'essaims. Une bouteille de bon hydromel se vend au moins aussi facilement qu'un pot de bon miel. Il y a des professionnels qui vivent de leur production de gelée royale, d'autres de la récolte du pollen et considèrent leur récolte de miel comme un hors-d'œuvre. Le domaine des produits de la ruche est de plus en plus exploité dans la fabrication de denrées alimentaires pour enfants et convalescents, dans la confection de médicaments et de produits de beauté et de parfumerie Il existe une exploitation apicole de plus de mille ruches qui suffit à peine pour fournir la matière première nécessaire à son laboratoire de produits pharmaceutiques

Il faut savoir que l'agriculture moderne a besoin de l'abeille. Les services qu'elle rend comme agent de pollinisation des arbres fruitiers, des légumineuses fourragères, des oléagineux, des cultures maraîchères et grainières ont été évalués à une plus-value apportée à ces cultures qui représente quinze fois la valeur des produits tirés du rucher en France, pour une production apicole d'une valeur de 50 millions de francs, il faut estimer à 750 millions de francs les services de pollinisation rendus par l'abeille.

M. LOUVEAUX