Ce mois-ci...
Article tiré du site ICKOWICZ
Que se passe-t-il dans la ruche ?
Sous les 10 °, les abeilles, avec tendance à l’engourdissement, se mettent en grappe, pour se réchauffer, garder la reine à l’abri… Il n’est déjà pas recommandé d’ouvrir sans rime ni raison, à fortiori, à cette époque pré-hivernale où le refroidissement de la colonie a des effets éminemment néfastes voire fatals.
La reine a déjà considérablement réduit sa ponte. Les faux bourdons ont été chassés.
La colonie commence bien à vivre sur ses réserves, même si cette année Octobre a été généralement doux et a vu l’abeille bien circuler, chargée, pour le moins, de pollen à défaut de nectar. Les floraisons sont quand même rares. Ne se manifeste bien que le néflier; le lierre est épuisé.
Les réserves alimentent et servent de combustible à la colonie ; il est indispensable qu’elle soit bien pourvue. Pour rappel, l’hiver nécessite une quinzaine de kilos de réserves.
Voici venu le temps de l’hivernage. Les abeilles prennent le relais.
Que fait l'apiculteur ?
Il rend visite à son rucher, s’assure que des branches ne balaient pas la ruche ou ne sont pas tombées à proximité… Toutes ouvertures, chocs et bruits sont inévitablement sources de perturbations pour la colonie qui, dans le meilleur des cas, va consommer et dans le pire, être physiquement affectée : sorties intempestives et « prise de froid » souvent mortelle.
Ces passages permettent de vérifier que tout est en ordre : le poids (pierre ou autre) est bien en place sur le toit, la grille d’entrée n’a pas bougé et remplit son office défensif contre l’intrusion ; pas de ruche renversée ou bousculée (il n’y a pas que les animaux susceptibles de causer dégâts ou méfaits).
Ces balades seront donc à renouveler.
Si il y a quelques regrets ou suspicions, l’apiculteur peut encore nourrir (d’aucuns nourrissent en plein hiver), mais toujours avec grande délicatesse et sans heurt. Il y a à cette époque les partisans du candi et ceux qui restent au sirop (à longueur de temps, étant d’avis que le candi renforce les besoins en eau alors que la condensation peut être recyclée). Voilà un sujet délicat et ses réponses d’écoles.
Le traitement anti-varroa dit « radical ».
Je me suis laissé dire que, cette fin d’année, il y aurait constat, par nombre de collègues, de présence accrue de varroas : certains ont même jugé bon de traiter plusieurs fois (lanières et thymol). Or, une surcharge de varroas en automne devrait voir l’arrivée d’abeilles de moins bonne constitution, avec une durée de vie plus courte, la conséquence directe étant des pertes hivernales notables, des colonies éprouvant plus de difficultés à démarrer au printemps… Il sera donc prudent et souhaitable de procéder au traitement dit « radical », traitement d’hiver.
À ce propos, votre serviteur est fervent de l’utilisation de l’acide oxalique, produit longtemps interdit mais de tous temps en vente libre !
L’acide oxalique, acide organique, végétal (issu de l’oseille, je crois) est vendu sous forme de poudre blanche. Anhydre et dihydrate, il est classé substance vénéneuse. Il convient donc de l’utiliser avec grandes précautions, mais il est réputé efficace à 98 %. Respectez, surtout, les consignes d’emploi :
Acides et thymol :
attention, produits dangereux, documentez-vous avant utilisation.
Vous devez connaitre les risques pour votre santé
et celle de vos abeilles.
Contactez votre GDSA.
- Il vous faudra 30 grammes d’acide oxalique dihydrate à dissoudre (à chaud) dans un litre de sirop 50/50. La dose utile sera alors de 5 millilitres par inter-cadres occupés par les abeilles.
- Une seule application est nécessaire : elle est faite par dégouttement, avec une seringue de 60 ml, et par température, si possible supérieure à 5° (il s’en trouve encore dans la première quinzaine de décembre).
- Cette période est importante car il faut dans la ruche le minimum de couvain voire absence totale de couvain, ce qui est plus aléatoire mais l’idéal. Vous vous souvenez que la femelle se laisse enfermer dans la cellule, avec l’œuf : elle est donc plus protégée en cas de couvain que sans !
- La solution utilisée sera à température : environ 30°C si possible (la température de la ruche est maintenue aux alentours de 35°C par les abeilles, dans la grappe).
- L’acide oxalique est présent de façon naturelle dans des miels (châtaignier, forêt...). L’analyse ne révèle pas de résidus dans les miels récoltés, pas plus que dans les cires (l’acide n’est pas soluble dans les graisses).
- Il reste toxique et dangereux pour l’homme : c’est un acide, donc corrosif. Il ne s’agit pas de l’ingérer et il faut le manier avec précaution, voire masqué et ganté. La précaution est également pour le matériel utilisé qui devra être bien lavé.
- La solution n’est pas à conserver : elle ne se garde pas.
- Une dose trop forte affaiblit la colonie (constat printanier), raison pour laquelle le traitement est unique et n’est pas à renouveler.
Il existe quelques produits également utilisables mais parfois plus ou moins pratiques d’utilisation ou d’efficacité. Citons, en particulier, ceux à base d’amitraze :
- APIVAR : 0,5 gr d’amitraze par lanière.
- TAKTIC : 12,5 gr pour 100 ml de solution.
- ECTODEX : 5 gr d’amitraze pour 100 ml .
Les deux derniers produits sont des produits vétérinaires, nécessitant normalement une ordonnance ; ils n’ont pas l’A.M.M. (autorisation de mise sur le marché).
Ceux à base de thymol :
- APIGUARD est vendu en barquettes de 50 gr, 25% de thymol. A.M.M.
- THYMOVAR (Suisse)
- APILIFE-VAR
Le THYMOL en cristaux, vendu hors indication vétérinaire, à l’état pur :
C’est un produit stimulant qui améliore la résistance de l’abeille à la contagion. Ce thymol doit être mis en solution alcoolique (1/1) ; la solution est alors imprégnée sur support : planchette bois, vermiculine, support commerce… éviter le carton : il est mangé par les abeilles ! La dose par ruche est de 8 à 10 grammes par administration ; il faut 2 ou 3 applications, sur les têtes de cadres et à 8 – 10 jours d’intervalle entre deux administrations. L’efficacité est variable et ne suffit pas à ces seules administrations : le « radical » vu plus haut, est un très bon complément. L’efficacité est liée à la température au moment du traitement, environ 20 °C. En dessous de 20°C, la libération du produit est trop lente ; si il fait trop chaud, la libération est rapide voire perturbante pour la colonie. Tout le rucher doit être traité en même temps et… astuce : Il a été constaté que les ruches souffrent moins si elles sont bien nanties en provisions ; il n’est donc pas inutile de nourrir avant le traitement. Vous avez compris que le thymol ‘’excite ‘’ la colonie. Malgré des effets parfois spectaculaires, la ruche repart très bien.
Il va sans redire, mais redisons quand même, que ces produits, quels qu’ils soient, sont utilisés après récolte. Exceptionnellement pour le thymol en cas de forte invasion constatée, mais hors hausse en place.
Et que va-t-il se passer avec l’éventuel « accueil » du « tumida » ?